Les ETF (trackers) sont devenus la porte d’entrée favorite pour investir en indice. Mais derrière le nom générique se cachent deux grandes familles : ETF physiques (réplication directe) et ETF synthétiques (réplication par swap). Ce guide démystifie leurs caractéristiques, compare chiffres et risques, et propose une checklist pratique pour choisir un ETF adapté à votre portefeuille en France.
Qu’est-ce qu’un ETF physique et un ETF synthétique ?
ETF physiques : l’émetteur achète réellement les titres composant l’indice (ou un échantillon représentatif). Avantages : transparence, risque de contrepartie faible. Inconvénients : coûts de transaction sur indices larges, éventuels problèmes de prêt de titres.
ETF synthétiques : l’ETF n’achète pas directement l’indice ; il conclut un contrat (swap) avec une contrepartie (banque) qui s’engage à fournir le rendement de l’indice. Avantages : parfois meilleure réplication et frais plus faibles. Inconvénients : risque de contrepartie (défaut du swap), complexité plus élevée.
Comparaison chiffrée (exemple)
Hypothèse : investissement initial 50 000 €, horizon 10 ans, indice rendement annuel moyen 6% brut, fees et autres :
- ETF physique : TER 0,20%, tracking error moyen 0,10% annualisé.
- ETF synthétique : TER 0,10%, tracking error moyen 0,05% annualisé, mais exposition à une contrepartie de swap.
Calcul simplifié (rendement net ≈ rendement indice - TER - tracking error) :
- Physique : 6% - 0,20% - 0,10% = 5,70% net annuel → valeur future ≈ 50 000 × (1+0,057)^10 ≈ 89 700 €.
- Synthétique : 6% - 0,10% - 0,05% = 5,85% net annuel → valeur future ≈ 50 000 × (1+0,0585)^10 ≈ 92 200 €.
Différence en valeur ≈ 2 500 € sur 10 ans. Mais cette prime de performance s’accompagne d’un risque de contrepartie : si le swap counterparty fait défaut et que la couverture est insuffisante, la perte peut être plus importante.
Risque de contrepartie : comment l’estimer ?
Les ETF synthétiques sérieux gèrent ce risque par : collatéralisation (actifs détenus en garantie), diversification des contreparties, règles UCITS. Vérifiez dans le prospectus : niveau de collatéralisation (souvent > 100% du sous-jacent), nature des actifs collatéraux (cash, titres). L’AMF publie des guides et des alertes sur les produits complexes ; consultez amf-france.org pour lire les prospectus et mises en garde.
Fiscalité en France (principes)
La fiscalité dépend principalement du compte où vous détenez l’ETF :
- Dans un PEA : les ETF doivent être éligibles au PEA (UCITS éligibles actions européennes). L’imposition est avantageuse après 5 ans d’ancienneté (consultez la documentation PEA sur economie.gouv.fr ou les fiches de l’AMF pour les conditions).
- Dans un compte-titres ordinaire (CTO) : plus simple mais soumis au Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU) de 30% sur les plus-values et revenus, sauf option pour le barème progressif. Voir impots.gouv.fr pour les règles précises et les éventuelles conventions fiscales.
Cas d’usage et recommandations pratiques
Si votre priorité est la simplicité et la transparence (investisseur prudent, long terme), privilégiez les ETF physiques sur indices larges (MSCI World physical). Si vous cherchez la moindre friction de frais et confort de réplication, un synthétique peut être pertinent — mais uniquement si :
- le prospectus révèle une collatéralisation solide ;
- l’émetteur est de qualité et bien régulé ;
- vous comprenez la nature du collatéral (cash vs titres).
Checklist pour choisir un ETF (5 points)
- Vérifier la réplication : « Physique » ou « Synthétique » indiqué dans le prospectus.
- Comparer TER et tracking error sur plusieurs années (source fournisseur et sites financiers). Un TER inférieur n’est pas toujours synonyme de meilleure performance nette si tracking error est élevé.
- Consulter l’encours (AUM) : privilégier > 200 M€ pour la liquidité secondaire et spreads faibles.
- Examiner le collatéral et les règles de swap pour les synthétiques (niveau de collatéralisation, type d’actifs).
- Vérifier l’éligibilité au PEA si vous souhaitez en profiter (rechercher la mention « éligible PEA » ou vérifier ISIN et conditions).
Pièges courants
- Se focaliser uniquement sur TER : le tracking error et les coûts de spread sont essentiels.
- Ignorer la domiciliation de l’ETF et les règles fiscales associées.
- Négliger la liquidité : ordre important sur un ETF à faible encours peut coûter cher en spread.
Conclusion
Il n’y a pas d’unique « meilleur » choix : le bon ETF dépend de votre tolérance au risque, du compte utilisé (PEA vs CTO), et de la transparence souhaitée. Pour un investisseur moyen en France cherchant simplicité et sécurité, un ETF physique, avec TER raisonnable et encours confortables, est souvent recommandé. Pour les investisseurs techniques, les synthétiques peuvent offrir un léger avantage de coût mais exigent une lecture attentive du prospectus.
FAQ
Les ETF synthétiques sont-ils dangereux ?
Pas nécessairement, mais ils demandent une compréhension du mécanisme de swap et de la qualité de la collatéralisation. Vérifiez toujours le prospectus et les informations AMF.
Où trouver les informations officielles ?
Consultez le prospectus UCITS de l’ETF, les fiches et communiqués de l’AMF (amf-france.org) et la documentation fiscale sur impots.gouv.fr.