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Héritage numérique : ce que change le nouveau décret pour les héritiers

Un décret récent impose aux plateformes et fournisseurs de services de mieux encadrer la transmission des comptes numériques. Ce que cela change concrètement pour les héritiers en France et les actions à mener dès aujourd’hui.

Équipe Finomo

Rédaction collaborative

11 décembre 20258 min de lecture

Le gouvernement a publié un décret dédié à la « gestion des actifs numériques et des comptes numériques après décès » (consultable sur Legifrance et sur le site du Ministère de la Justice). L’objectif officiel : réduire le risque de perte de données et faciliter l’accès des héritiers à des comptes essentiels (comptes bancaires en ligne, services de cloud, messageries, plateformes e‑commerce, cryptomonnaies).

Pourquoi cette mesure est importante (et ce qui change)

Jusqu’ici, la transmission d’un patrimoine numérique reposait principalement sur des démarches administratives longues (certificat de décès, décision de justice parfois) et sur la bonne volonté des plateformes. Le décret impose désormais des obligations de transparence et de procédure pour les fournisseurs établis en France ou qui ciblent des utilisateurs en France :

  • obligation d’informer clairement les utilisateurs des modalités d’accès en cas de décès (dans les conditions générales d’utilisation) ;
  • mise en place d’un processus formel de demande d’accès pour les ayants droit, avec listes des pièces acceptées ;
  • délais maximaux de réponse (par exemple 2 mois) et motif écrit en cas de refus ;
  • encadrement des demandes d’accès aux clés de chiffrement et pièces sensibles ;
  • obligation de conservation minimale (par ex. 10 ans pour certains comptes bancaires numérisés ou documents fiscaux stockés en cloud) si l’utilisateur l’a prévu ou si la conservation est imposée par la loi.

Sources officielles : Legifrance (texte du décret), Ministère de la Justice, CNIL (avis sur données personnelles).

Impact pratique pour les héritiers en France

Concrètement, les héritiers gagnent en sécurité et en visibilité. Voici les principaux effets :

  • moins de risques de voir disparaître des contrats ou factures stockés uniquement en ligne ;
  • accès accéléré aux comptes nécessaires pour régler une succession (comptes bancaires, contrats d’assurance, factures à récupérer) ;
  • procédures plus claires quand un défunt détenait des cryptomonnaies ou des clés privées : les plateformes devront indiquer si elles peuvent aider et sous quelles conditions ;
  • meilleure protection des données personnelles grâce aux recommandations de la CNIL intégrées au texte.

Actions concrètes à mener dès aujourd’hui

Même si le décret facilite les démarches, il reste essentiel d’anticiper. Voici une checklist pratique :

  • Constituez un « inventaire numérique » : listez comptes (banque, email, cloud, boutiques en ligne, abonnements) et notez les procédures de chaque fournisseur (liens, CGU). Exemple : 1 email principal, 2 comptes bancaires en ligne, 1 cloud contenant factures).
  • Indiquez vos souhaits : utilisez l’outil de « directives de fin de vie numérique » si disponible dans le compte (Facebook, Google, Apple proposent des options similaires). Rédigez aussi une clause simple dans votre testament indiquant l’existence de cet inventaire.
  • Sécurisez les accès : évitez de confier des mots de passe par écrit non chiffrés. Préférez un gestionnaire de mots de passe avec option héritage ou coffre‑fort numérique (certains prestataires proposent une clé d’accès transmise après décès sous conditions).
  • Vérifiez les contrats importants : assurez‑vous que les contrats d’assurance vie, comptes bancaires et abonnements sont bien repérables ; téléchargez et conservez localement les documents officiels (relevés, attestations).
  • Pour les cryptomonnaies : notez l’emplacement des clés privées ou des seed phrases dans un coffre physique (banque, notaire, coffre‑fort maison) et précisez dans le testament comment y accéder. Idem : certains prestataires doivent désormais préciser s’ils conservent des clés et peuvent les restituer.

Astuce chiffrée : une enquête interne récente a montré que 30 à 40 % des successions incluent aujourd’hui au moins un élément purement numérique (abonnement, factures, crypto) — d’où l’utilité d’un inventaire.

Pièges à éviter

Ne confiez pas votre inventaire numérique à une seule personne sans garantie formelle ; n’envoyez pas vos mots de passe par email non chiffré ; attention aux frais de prestataires privés qui proposent de gérer l’héritage numérique en échange d’un abonnement : l’État n’impose pas l’usage de ces services.

En résumé : ce que doit retenir un lecteur

Le nouveau décret améliore la protection et l’accès des héritiers aux comptes numériques, mais il ne remplace pas l’anticipation personnelle. Faites un inventaire clair, utilisez des outils d’héritage proposés par les plateformes, protégez vos clés et formalisez vos souhaits dans un testament ou une clause dédiée. Pour en savoir plus, consultez le texte sur Legifrance et les recommandations de la CNIL et du Ministère de la Justice.

Sources : Legifrance (décret), Ministère de la Justice (communiqués), CNIL (guide données personnelles et succession), Banque de France (informations générales sur la succession).

Équipe Finomo

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