Retour aux articles
Analyses

Pacte tontinier : comprendre l'outil pour transmettre un bien

Le pacte tontinier (ou clause de tontine) est une solution qui permet à des co-acquéreurs de sécuriser la transmission d'un bien immobilier au survivant. Mode d'emploi, fiscalité, risques et exemples chiffrés.

Équipe Finomo

Rédaction collaborative

12 décembre 202510 min de lecture

La tontine — souvent qualifiée de "pacte tontinier" ou clause de survivance — est une modalité de détention d'un bien immobilier qui prévoit que, au décès d'un co-acquéreur, le(s) survivant(s) deviennent automatiquement propriétaire(s) du bien, sans transmission successorale classique. Ce mécanisme est fréquent dans des achats entre concubins, entre parents et enfants, ou entre frères et sœurs pour éviter l'indivision post-décès. Voici une analyse complète : définition, aspects juridiques, conséquences fiscales et précautions à prendre.

Qu'est-ce que la tontine ?

La tontine repose sur une clause d'inaliénabilité et de survivance dans l'acte d'acquisition : chaque acquéreur est propriétaire d'une quote-part, mais la clause prévoit que, au décès d’un ou plusieurs co-acquéreurs, la propriété revient automatiquement aux survivants, sans partage successoral. Le code civil français admet cette pratique si elle est clairement exprimée et répond aux conditions posées par la jurisprudence et le notariat.

H2 variant : Comment ça marche concrètement ?

Exemple simple : A, B et C achètent un immeuble. L'acte stipule "au décès de l'un des co-acquéreurs, ses droits reviennent automatiquement aux survivants". Si A décède, sa part n'entre pas dans la succession et B et C deviennent seuls propriétaires. Cela évite l'indivision mais a des conséquences :

  • La part du défunt n'est pas transmise aux héritiers par succession.
  • Les héritiers du défunt ne pourront pas réclamer la part du bien tant que la clause de tontine est valide.

Impacts fiscaux

La tontine n'exonère pas de droits :

  • Dans certains cas, l'administration fiscale peut requalifier la réalité économique de l'opération et réclamer des droits de mutation si la clause masque une donation déguisée. Il est donc essentiel d'obtenir un acte notarié clair et de justifier des apports de chacun.
  • Les survivants deviennent propriétaires sans acte de partage successoral, mais l’imposition future (ISF n'existe plus, mais taxation sur les plus-values éventuelles) reste applicable normalement en cas de revente.

Consultez impots.gouv.fr et notaires.fr pour les règles précises et exemples jurisprudentiels.

Avantages

  • Simplicité : évite une indivision potentiellement longue et conflictuelle.
  • Protection du conjoint non marié ou partenaire : permet de sécuriser la jouissance du bien pour le survivant.
  • Souplesse contractuelle : conditions négociées entre co-acquéreurs (modalités financières, quote-parts diverses).

Inconvénients et risques

  • Privation des héritiers : la clause prive les héritiers du défunt de la possibilité de récupérer une part, ce qui peut engendrer des conflits familiaux.
  • Requalification fiscale : si la manière dont les parts ont été constituées laisse penser à une donation déguisée, l'administration fiscale peut réclamer des droits.
  • Impossibilité de vendre sans accord unanime : selon la rédaction, la clause peut complexifier la mise en vente du bien si un co-acquéreur souhaite sortir.

Exemple chiffré

Trois personnes achètent pour 300 000 € : A apporte 150 000 € (50%), B et C apportent chacun 75 000 €. L'acte mentionne la tontine. Si A décède, B et C deviennent propriétaires à 50/50 sans partage. Les héritiers d'A ne reçoivent rien sur ce bien. Si la valeur du bien est ensuite de 360 000 € lors d'une revente, la plus-value sera calculée pour les deux propriétaires survivants selon leurs règles (exonérations, durée de détention, etc.).

Alternatives à considérer

Avant d'opter pour la tontine, étudiez :

  • La donation en nue-propriété / usufruit (permet de transmettre en gardant un droit d'usage).
  • Le démembrement de propriété via actes notariés — solution fiscale et successorale différente.
  • Le testament et la sécurisation via assurance-vie (qui relève d'un régime à part).

Bonnes pratiques

1) Passez par un notaire : la rédaction doit être précise et justifier des apports. 2) Documentez l'origine des fonds pour éviter toute requalification fiscale. 3) Informez les héritiers et formalisez un accord familial si possible pour limiter les risques de contestation. 4) Évaluez l'impact patrimonial et fiscal avec un notaire ou un conseiller en gestion de patrimoine.

Ressources officielles

  • Notaires de France — fiches pratiques sur la tontine et démembrement : https://www.notaires.fr
  • Impôts.gouv.fr — règles fiscales liées aux donations, successions et mutations : https://www.impots.gouv.fr
  • Service-public.fr — informations sur la transmission immobilière : https://www.service-public.fr

Conclusion : le pacte tontinier est un outil puissant pour sécuriser la transmission d'un bien au profit du survivant, mais il doit être manié avec précaution. Ses effets juridiques et fiscaux peuvent être lourds pour les héritiers. Avant toute décision, réalisez un diagnostic patrimonial avec un notaire pour vérifier que la tontine est bien la solution la plus adaptée à votre situation familiale et fiscale.

Équipe Finomo

Rédaction collaborative

L'équipe Finomo réunit des passionnés de finance personnelle qui testent et partagent leurs meilleures pratiques.

Domaines d'expertise :

Finance personnelleBudgetÉpargneInvestissement

Envie d'en savoir plus ?

Abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir nos derniers articles et conseils financiers directement dans votre boîte mail.

S'abonner à la newsletter
Pacte tontinier : comprendre l'outil pour transmettre un bien